Entre 1153 et 1347, l'extension
de l'ordre partout en Europe est sans précédent. Cependant, cette
formidable croissance constitue également un facteur déstabilisant
car l'unité de l'ordre est menacée lorsqu'il faut prendre partie
dans les querelles qui touchent l'Église. Certaines règles sont
mal respectées (silence rompu, faire-valoir indirect des terres...).
Malgré la revalorisation de la Charte, un conflit éclate entre
Cîteaux et ses filles. Il est résolu par le pape : la tutelle de
la hiérarchie ecclésiastique tombe sur l'ordre.
Dans la seconde moitié du XIIe siècle,
des problèmes financiers apparaissent. Au XIIIe siècle, l'ordre
souffre de la concurrence des ordres mendiants. Philippe le Bel, puis le pape
lui-même imposent aux cisterciens le paiement de divers impôts.
Au Concile de Vienne, le Pape Jean XXII remet en cause le principe de libre
élection des abbés. Ajoutés à des événements
qui ne concernent pas directement l'ordre (guerre de cent ans, dépression
économique,
Grand schisme,
anglicanisme), ces maux menacent la survie de Cîteaux : deux cents abbayes
disparaissent.
En 1618, l'ordre se divise
en deux mouvements : celui de "l'étroite observance" (des règles
bénédictines et cisterciennes) et celui de la "commune observance".
C'est Richelieu qui prend la tête de Cîteaux pour arbitrer le conflit.
Mais à sa mort la querelle resurgit et les deux observances sont finalement
légitimées. L'étroite observance, plus austère et
dont le mouvement des trappistes (à l'initiative de Rancé) est
issu, fait des émules. Dans les autres abbayes, le relâchement
l'emporte. Un rapport commandé en 1766 par Louis XV n'épargne
que les trappistes et le maintien de l'ordre est remis en cause.
La révolution règle
cette question : l'ordre est supprimé en 1790. Il réapparaît
avec la Restauration. Les trappistes, qui se sont divisés pendant l'exil,
se regroupent en 1892 dans l'ordre de la stricte observance. La commune observance
s'organise quant à elle en congrégations nationales. En 1901,
quelques abbayes sont contraintes de fermer (loi sur les congrégations).
Aujourd'hui, on trouve 152 abbayes cisterciennes de la stricte observance et
154 de la commune observance.