Visite intérieure
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La cathédrale
d'Albi est, avec sa nef
unique de 100 mètres de long, caractéristique du gothique
méridional. La recherche de l'unité du volume prime celle
de l'élévation maximale (telle qu'on peut la rencontrer
à Amiens,
Beauvais...). La largeur du vaisseau
(chapelles latérales comprises) est égale à la
hauteur des voûtes : 30 mètres. Le souci de pas scinder
l'espace va jusqu'à intégrer les piliers dans la paroi
(ils forment une sorte de contreforts intérieurs)
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Néanmoins, la continuité de l'espace, qui
dominait le projet initial, a été rompue à la fin
du XVe siècle par l'ajout du jubé,
qui introduit une forme de contingentement du volume intérieur.
Ce préjudice fait à l'unité de l'ensemble est cependant
compensé par la beauté même du jubé, l'un des
plus beaux de France. A ce propos, Mérimée
écrivit : "Je n'aime pas les jubés : ils rapetissent
les églises. Ils me font l'effet d'un grand meuble dans une petite
chambre. Pourtant celui de Sainte Cécile est si élégant,
si parfait de travail, que, tout entier à l'admiration, on repousse
la critique et que l'on a honte d'être raisonnable en présence
de cette magnifique folie." Le jubé est de style gothique
flamboyant. Seules quelques statues ont échappé aux
destructions de 1794 : Adam et Eve (pierre polychrome) ainsi que Marie
et Saint Jean (bois). |
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Le choeur,
qui s'achève par un rond-point
à sept pans, est entouré d'une clôture
de pierre richement scupltée qui introduit de ce fait une sorte
de déambulatoire
là où il n'y en avait pas. A l'extérieur, la clôture
est ponctuée de 33 statues. Il s'agit de personnages de l'Ancien
Testament, parmi lesquels on distingue deux femmes Esther et Judith (ci-contre).
Judith, notamment, possède de splendides vêtements. |
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A l'intérieur, on trouve les statues des 12 apôtres,
de la Vierge, de Saint Jean-Baptiste, de Saint
Paul et de Sainte Cécile. On peut établir un parallèle
entre cette statuaire et celle de la chapelle Jean de Bourbon de Cluny
(positionnement des apôtres, inscriptions identiques sur les banderoles
et probablement même atelier). Le choeur comprend également
120 stalles. |
On
peut ajouter que du fait de la clôture et du jubé, qui
occupent toute la partie orientale de l'édifice, le culte est
actuellement pratiqué à l'ouest, contrairement à
la tradition (on retrouve cette particularité à Rodez).
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Les murs et les voûtes
quadripartites sont entièrement peints. Les fresques des voûtes
s'étendent sur les douze travées
du vaisseau. Les tons bleus (lapis lazuli) et or dominent. Elles relatent
la vie de Sainte Cécile et des épisodes bibliques : les
éléments pédagogiques destinés aux fidèles,
que l'on trouve généralement à l'extérieur,
sont donc ici à l'intérieur. |
La pièce maîtresse de ces fresques est le
Jugement
dernier (18 x 15 mètres), situé à l'extrémité
occidentale. L'auteur de cette fresque s'est inspiré Jugement dernier
de Roger Van der Weyden, qu'on peut voir aux hospices de Beaune. A l'époque,
le mur de fond n'était pas percé d'une porte. A l'emplacement
de la porte actuelle se trouvait sans doute un Christ en majesté,
accompagné de la Vierge et de St Jean. St Michel, en dessous de
lui, jugeait les âmes. A droite de l'emplacement ou devait se trouver
le Christ, on distingue Saint Louis, Charlemagne et les apôtres. |
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En bas de la fresque, on trouve l'enfer et une représentation
des sept péchés capitaux : l'orgueilleux est soumis au supplice
de la roue (ci-contre), l'envieux est trempé successivement dans
l'eau glacé puis dans un lac de feu, |
Le coléreux est étripé par Baalbérith
(démon), l'avare est plongé dans des cuves de métal
fondu, le gourmand est engraissé à l'entonnoir, le luxurieux
voit son sexe dévoré par un crapaud. Seule manque la paresse,
qui devait se trouver en dessous du Christ en majesté, à
l'emplacement de l'actuelle porte. |
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