Epoque carolingienne
Alliance carolingiens-papauté
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Du temps des derniers rois mérovingiens, le poste
important est celui de Maire du Palais. Celui-ci est occupé
par la famille des Pippinides, dont Charles Martel est un
bâtard. Celui-ci parvient néanmoins à
se distinguer et occupe le poste en 714. Il s'illustre dans
la lutte contre les musulmans remontant d'Espagne et y gagne
gloire et honneurs. Il profite de cette défense du
royaume en péril pour spolier les évêques
trop contestataires et placer ses amis. Son fils, Pépin
le Bref, prend la charge de Maire du Palais à sa suite.
Il décide d'en finir avec cette monarchie mérovingienne
de pacotille et souhaite fonder une nouvelle dynastie. Pour
cela, il a besoin d'une légitimation. Elle vient de
Rome, qui ne se fait pas prier : le pape Zacharie (741-752),
alors dans une situation catastrophique face aux dangereux
barbares lombards est prêt à cautionner Pépin
si celui-ci le protège. Ainsi, Pépin est élu
roi de France en 751 et couronné roi à Soissons.
Fidèle à sa parole, Pépin défait
les lombards par la suite en 756. Cette convergence d'intérêts
entre le roi de France et Rome est à l'origine d'une
alliance qui va durer pendant toute l'époque carolingienne.
Charles Martel (?), au portail de l'église
de Perse
(Aveyron)
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L'église de France est remise en ordre de marche.
Le moine Boniface lutte contre la vieille aristocratie franque
qui occupe les évêchés, la dîme
(prélèvement de 10% des récoltes) est
instaurée. Cependant, dans ce renouveau ecclésiastique,
c'est encore le roi de France, sacré et légitimé
religieusement qui occupe la place la plus importante.
En 800, Charles est couronné empereur à Rome.
Il est à la tête de tout l'occident chrétien,
devant le pape. C'est lui qui choisit les évêques.
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Renaissance carolingienne de l'église
Néanmoins, malgré cette main
mise des souverains, l'église se porte beaucoup mieux
à partir de la deuxième moitié du VIIIe
siècle. La vie des prêtres est réformée,
avec la règle de Chrodegang (évêque de
Metz) en 754. Elle favorise la vie en communauté de
ceux qu'on appelle les canonici : les chanoines.
Vitiza, page de Pépin le Bref fonde à Aniane
dans l'Hérault un monastère sous le nom de Benoît.
Il est à l'origine d'un ensemble monastique toujours
fidèle au pouvoir.
Reliquaire de Charlemagne, trésor
de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle
(Allemagne)
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Même s'il faut relativiser la notion de renaissance
carolingienne qu'on utilise pour qualifier cette période,
on assiste incontestablement à un essor de la vie intellectuelle
: création d'écoles
Dans les monastères,
les ateliers de copistes accomplissent l'inestimable travail
de sauvegarde de manuscrits de l'Antiquité. Le livre
est valorisé, l'art de l'enluminure se développe...
Architecturalement, un style original se forme
L'église met également en place à
cette époque son tissu paroissial définitif.
Des églises sont construites partout dans les campagnes
et on peut considérer que le territoire français
est désormais entièrement évangélisé.
Les pratiques de culte sont codifiées : messes en latin,
autel au fond de l'abside
Elles ne seront modifiées
qu'au XXe siècle avec le concile Vatican II.
Style carolingien : façade de sainte
Gertrude de Nivelles
(Belgique)
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L'époque carolingienne est donc globalement faste
pour l'église française. Celle-ci est plus à
l'écoute de Rome. Les particularismes locaux s'effacent,
notamment sous l'influence des moines anglo-saxons comme Boniface,
toujours très fidèles au Saint Siège.
Rome s'affirme davantage après le règne
de Charlemagne. L'empire disloqué, c'est le Pape qui
redevient le plus haut personnage de la chrétienté.
Néanmoins, localement, dans le cadre du transfert des
pouvoirs de l'empereur vers de petits princes féodaux,
le clergé , pénétré de nouveau
par les laïcs, retombe dans les travers de l'indiscipline
: nicolaïsme
Une fois encore, le redressement vient des
monastères. En 909, le Duc d'Aquitaine Guillaume le
Pieux fonde l'abbaye de Cluny
(ci-contre). Celle-ci est mise sous l'autorité directe
de Rome, elle est totalement indépendante des vicissitudes
de l'église de France. Les évêques n'ont
aucun pouvoir sur elle. En moins d'un siècle, Cluny
jouit d'un prestige et un rayonnement exceptionnel. D'une
fidélité sans faille envers Rome, elle est le
véritable porte parole de la papauté partout
en Europe où elle fonde de nombreux monastères.
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D'autres mouvements analogues aux clunisiens,
mais moins prestigieux, sont contemporains : fondation de
saint
Wandrille et de l'abbaye du Mont Saint Michel, en Normandie.
Les X-XIe siècles sont des périodes assez troubles
pour la sécurité. Un nouveau groupe social apparaît
: les chevaliers. Guerriers professionnels, ceux-ci sont difficilement
contrôlables. L'église parvient tant bien que
mal à les encadrer en créant pour eux l'idéal
chevaleresque, à finalité chrétienne.
L'ordre clunisien y joue un grand rôle. Néanmoins,
le succès est relatif : Lancelot est toujours beaucoup
plus populaire que Galahad le chaste.
ruines du monastère de saint Wandrille (Seine Maritime)
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