Les évangiles apocryphes
En Orient, un grand travail populaire a été
accompli sur la Bible. Des légendes se sont dessinées,
tant autour de l'Ancien Testament que du Nouveau. Beaucoup
sont rapportées par des documents apocryphes
Par exemple, à partir de l'Ancien testament
a été inventée la mort légendaire
de Caïn. Celui-ci aurait été tué
par un aveugle, Lamech, qui chassait sous la conduite d'un
enfant. L'enfant lui a indiqué ce qu'il croyait être
une bête alors qu'il s'agissait de Caïn, caché
dans les buissons. Cette scène est reproduite dans
un des médaillons de la cathédrale d'Auxerre.
Cependant, la représentation de tels épisodes
est assez rare.
Il n'en est pas de même pour les légendes
créées autour du Nouveau Testament. Les évangiles
apocryphes sont nombreux. Ils répondent à un
souci de mieux connaître la vie du Christ. Mais les
récits formés ne sont pas toujours positifs,
le Christ y apparaissant parfois comme un enfant capricieux.
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L'iconographie emprunte beaucoup aux évangiles
apocryphes. La présence de l'âne et du buf
lors de la Nativité leur est due. Celle des sages-femmes
qui attestent la virginité de la Vierge, trop contestée,
disparaît au XIIIe siècle. Les sculptures consacrées
aux mages, à la fuite en Egypte s'inspire fortement
des évangiles apocryphes. Ainsi, si un arbre est présent
dans beaucoup de fuites en Egypte, c'est qu'un apocryphe relate
un épisode où un palmier, sur ordre du Christ,
aurait incliné ses fruits vers la Sainte famille pour
la nourrir pendant le voyage.
Fuite en Egypte, Saint
Lazare d'Autun
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Il existait probablement des légendes
orales pour compléter les légendes écrites.
Les traditions d'ateliers contribuent également à
affiner les détails. La main d'Elisabeth se posant
sur le sein gonflé de la Vierge lors de la Visitation
est une invention des artistes. Il est possible que certaines
de ces traditions aient été mises par écrit.
On trouve de nombreuses légendes autour
de la Vierge,
dont le culte s'épanouit au XIIIe siècle. Au
siècle précédent et au début du
XIIIe, la Vierge est une reine sur laquelle trône l'enfant.
Elle devient ensuite plus gracieuse, pleine d'orgueil maternel
(Notre
Dame de Paris ou d'Amiens).
Ce n'est que bien plus tard qu'apparaîtra dans la sculpture
la Vierge de la douleur, pourtant présente dans la
musique et la peinture dès cette époque. Trois
types de légendes sont relatifs à la Vierge
:
- l'histoire
de sa naissance, par le baiser échangé à
la Porte dorée entre Anne et Joachim : on trouve cette
scène dans les chapiteaux du portail occidental de
Chartres.
- certains
détails de scènes tirées des Evangiles
sont créés et perpétués par la
tradition. Il en est ainsi pour la fleur représentée
dans les scènes de l'Annonciation. Il ne s'agit pas,
au départ, d'une fleur de lys. Cela signifie simplement
que l'on considérait que la conception avait eu lieu
au printemps, " au temps des fleurs ".
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- la mort et le couronnement. Ces épisodes
sont également issus de la légende et d'un texte
apocryphe attribué à Méliton, disciple
de Saint Jean. Ce texte aurait été transmis
par Grégoire de Tours. Le thème de la mort de
la Vierge apparaît pour la première fois en 1185,
au linteau de Notre-Dame
de Senlis. Dans les premières représentations
de cette scène, le Christ est présent puis il
finit par disparaître. La présence des apôtres,
en revanche, est constante. En ce qui concerne le couronnement,
on relève plusieurs versions. Dans les plus anciennes
(Senlis, Chartres,
Laon),
la Vierge a déjà la couronne sur la tête
et elle est bénie par son fils.
Tympan de la Vierge, Senlis
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A partir de 1220, on trouve plutôt des
couronnements où un ange vient déposer la couronne
sur la tête de la Vierge, tandis que son fils la bénit
et lui tend un sceptre (Notre-Dame de Paris, Amiens). Pour
voir d'autres exemples de couronnement.
Couronnement de la Vierge, Portail
rouge de Notre-Dame de Paris
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Enfin, dans les dernières versions
(à partir de 1347, Sens, Auxerre, Reims), le Christ
lui-même couronne sa mère.
Un autre thème en relation avec la
Vierge est celui de ses nombreux miracles. Cependant, on note
qu'un seul miracle fait l'objet d'une fréquente représentation
(vitrail de Laon, bas-relief de Notre-Dame de Paris) : c'est
celui de Théophile. On l'estime probablement suffisamment
représentatif des pouvoirs de la Vierge pour se dispenser
de développer les autres miracles.
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